Contexte
Le retour des loups et leur expansion géographique en France depuis le début des années 1990 soumettent un nombre croissant d’éleveurs à de profondes incertitudes techniques, économiques, morales et politiques liées aux pressions de prédation subies et à leurs traitements administratif et médiatique. Cette pression se manifeste lorsque l’éleveur subit des attaques et des dommages aux troupeaux (animaux morts, blessés, stressés). Elle se niche également dans des situations plus insidieuses de transformation du rapport des éleveurs à leur métier sous l’effet par exemple de la mise en place des mesures de protection des troupeaux ou des dégradations de l’image publique de l’élevage pouvant être induite par les dispositifs de gestion gouvernementale des grands prédateurs. Elle peut entraîner pour les éleveurs une charge psychologique intense et une précarité technico-économique difficile à prendre en charge
Comment les loups transforment la vie sociale et professionnelle des éleveurs ? Quels effets la présence de ces animaux génèrent-elle en termes d’identité professionnelle, d’organisation du travail, de transformation des relations que les éleveurs entretiennent avec leurs proches, leurs collègues, leurs animaux, etc. ? Quelles sont les conséquences de ces différentes évolutions en matière de santé, de souffrance, de stress au travail, de bien-être des individus ?
Objectifs du post-doctorat
L’objectif de cette étude post-doctorale est de proposer une lecture fine des différentes situations professionnelles vécues par les éleveurs dont les troupeaux sont attaqués ou pourraient être attaqués par les loups. Ce travail privilégiera l’analyse compréhensive de la genèse des situations de souffrance, de la diversité de leurs manifestations (culpabilité, honte, stress, remords, sentiment de trahison, débordement technique ou affectif, burnout, suicide) et des conditions d’accommodement. Il s’agira plus précisément d’appréhender les effets de la présence des loups sur la santé des éleveurs en croisant l’analyse : (1) des expériences individuelles et collectives vécues ; (2) des processus de socialisation professionnelle des éleveurs ; (3) des structures sociotechniques dans lesquelles ils exercent leur métier.
La personne recrutée aura pour mission principale de réaliser une enquête qualitative puis une enquête quantitative auprès des éleveurs sur leur santé et leurs conditions de travail. L’étude concerne plusieurs territoires : Alpes-du-Nord, Languedoc, Ardèche-Drôme-Loire, Alpes-Vaucluse, Provence Azur, Lorraine, Auvergne, Midi Pyrénées Nord.
Encadrement et cadre de travail
Ce contrat est financé par la MSA. Il/elle sera accueilli(e) au sein de l’UMR AGIR (http://wwwagir.toulouse.inra.fr/agir/), équipe Odycée (https://www6.toulouse.inra.fr/agir/Les-equipes/ODYCEE) et encadré(e) par Antoine Doré (sociologie). Il bénéficiera de l’animation scientifique de l’UMR AGIR, du Labex SMS (http://sms.univ-tlse2.fr/) et plus largement du département SAD (Sciences pour l’Action et le Développement) de l’INRA.
Compétences recherchées
Nous recherchons un.e jeune chercheur.e titulaire d’un doctorat en sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie,…), et possédant une expérience de la conduite des enquêtes de terrain. Expérience, autonomie et capacité de formalisation sont nécessaires. Une maitrise de la littérature sur un des axes (santé, travail, mondes agricoles) sera appréciée. La place importante des interactions avec les acteurs et la réalisation de nombreux entretiens nécessitent une maîtrise parfaite du français (langue maternelle ou courant). Pour l’anglais, le niveau requis est lu, écrit, parlé.
Conditions matérielles
- Durée du CDD : 24 mois à partir de l’automne 2019 (à discuter)
- Lieu du post-doc : Toulouse, avec déplacements et séjours fréquents en France ;
- Condition d’accueil : le, la post doctorant.e bénéficiera de ressources sur son lieu de travail (un bureau, un ordinateur, ressources éditoriales en ligne, consommables de bureau). Il, elle sera inséré.e dans le collectif de recherche de l’UMR AGIR.
- Des déplacements sont à prévoir pour le travail d’enquête (permis VL indispensable, totale prise en charge des frais).
- Salaire : Entre 2300 et 2500 € brut par mois (en fonction de l’expérience du/de la candidat.e)
Pour candidater, envoyer un CV et une lettre de motivation à Antoine Doré (antoine.dore@inra.fr) avant le 22 juillet 2019.